Ésotérisme et fraternité

Nombre de messages : 116 Date d'inscription : 05/09/2012

Frédérique commençait à ranger la nourriture du souper. Le temps passait lentement avec le pesante présence du Sud pour contrôler la colonie. Sans savoir pourquoi, elle n'avait pas retiré le bandage qui couvrait sa main, comme une marque de honte, malgré ce qu'en avait dit l'évèque.

Elle avait été très silencieuse durant le repas, réfléchissant beaucoup. Ce n'était pas son habitude, mais la médecin ne le cachait pas. Elle n'y arrivait pas bien quand elle essayait de toute manière. La D'Orléans perdait de plus en plus de vues de ordre du Sergent Moreau et avait même démontré un certain laisser aller dans son travail.

Depuis déjà une minute qu'elle fixait l'extérieur par la fenêtre. L'air brumeux que la pluie laissait derrière elle n'était pas un bon environnement pour trainer dehors. Bien qu'elle n'avait pas de vision de son dieu, ni de divine message qui lui apparaissait, Frédérique était bien consciente de l'étau qui commençait à s'installer.

Doucement, elle se réveilla pour questionner son frère toujours présent.

- Léo? Depuis que le duel, est-ce que tu as eu d'autres messages inexplicables?

Directe et sans douceur, elle n'avait pas mis de prélude à sa question et n'attendait pas d'autre chose qu'une réponse directe. Elle ne regardait même pas son frère, comme absorber dans sa tâche de remettre la nourriture à sa place. L'aînée s'en remettait à cette unique interrogation.

Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 10/09/2012

Léo était lui-même, pour de rares moments, anormalement silencieux durant le repas, joignant ainsi sa soeur et probablement son frère dans un silence pesant. À la question, le combattant leva les yeux vers Frédérique. Il n'était pas certain de ce qu'il devait répondre. C'est les doigts de sa main gauche qui se mirent, dans un tic tout récent, à faire le pourtour du métal qui éclaboussait sa main droite.

- inexplicables? La dernière fois le message avait été assez clair, et nos alliés ont semblé en avoir eu un semblable. Il ne reste plus qu'à savoir qui m'a proposé auprès d'Harmok.

La main droite finit par saisir l'autre main.

- Tu crois que Charles c'est rendu jusqu'à Harmok? Son assassin doit forcément être hérétique, à la façon sauvage dont il l'a...

Nombre de messages : 116 Date d'inscription : 05/09/2012

La Corporale fronça les sourcils. Cette réponse n'avait pas de sens pour elle. Elle eut un mouvement involontairement plus brusque qui déchira le papier qui recouvrait les fruits qu'elle rangeait. Elle dut reprendre son travail du début, ceux-ci s'éparpillant sur la table sous le choc.

- Ce n'était pas là ma question. Ce n'est pas non plus une question à poser. Tu as toujours su épandre un sujet pour ne pas devoir répondre à la question. Tu ne veux pas démordre malgré que ce pourrait être des pacotilles, n'ayant peut-être aucun rapport avec Harmok.

As-tu déjà vu Harmok en vrai? Est-ce que tu n'as pas même eu un doute sur le ''choix'' d'Harmok? Qu'est-ce qui te prouve que ce n'était pas un leurre ou pire une hallucination? Pourquoi un mendiant viendrait nous faire une épreuve d'Harmok si l’évêque lui-même était ici pour le représenter? Arrêtes donc de croire aux contes de fée, ici on est dans l'armée pas dans un livre.

D'un coup sec, la D'Orléans abandonna son travail pour se retourner vers son frère en face à face. Son attitude démontrait qu'elle voulait, qu'elle cherchait la confrontation. Comme chaque dispute finissait souvent de la même façon, elle s'en retourna au point de départ de sa réflexion.

- Est-ce que tu as eu d'autres divagations depuis que j'ai fait ce duel? Je crois qu'il t'a probablement choisi car tu devais peut-être être le plus sensible à ce qu'il fait. Tu ne dois pas pouvoir te défendre aussi bien contre les problèmes de l'esprit et tu es de loin l'un des plus influençables légionnaires qu'il a vu. Son choix était purement stratégique. Rien de plus.

Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 10/09/2012

- Alors lorsqu'il m'arrive quelque chose hors du commun, c'est toujours une folie ou un accident n'est-ce pas? Jamais par mérite, ça non! Léo le faible d'esprit, et puis quoi encore? J'te rappel que la gorgone ne m'a jamais charmé, ni même aucune femmes d'ailleurs. Je ne vois pas pourquoi un paysan d'Harmok pourrait le faire.

Léo poursuivit sa réplique en parlant à sa main métallique.

- être évêque ne veut pas dire être plus prêt d'Harmok qu'un paysan. Ça sait mieux gérer ses subalternes et faire des cérémonies, simplement plus d'outils...

Léo se leva et alla s'asseoir sur le trône.

- Pas de vision depuis, mais la première était très crédible.

Nombre de messages : 116 Date d'inscription : 05/09/2012

Amère, Frédérique soupira. Elle aurait voulu que son frère ouvre les yeux. Elle le regarda prendre place sans protester. Il faudrait le ramener sur terre. Le descendre de là.

- Et tu ne trouves pas ça louche que cet homme disparaisse sans laisser de trace, qu'il ne demande rien en retour, qu'il ne te prépare pas à cela? Tu ne trouves pas ça louche qu'Harmok parle avec des priants de choses et d'autres, comme s'il venait souvent dans leur esprit pour les informer de sa volonté? Est-ce que quelqu'un, de la Capitale à ici, n'a même jamais vu un autre dieu que le dieu fou?

Allons plus loin, d'accord? Pourquoi choisir le meilleur escrimeur? Pourquoi ne pas prendre un homme ayant déjà la foi? Pourquoi ne pas prendre quelqu'un qui serait vraiment une brebis égarée? Pourquoi le frère du Caporal? Pourquoi ici dans le Nord quand c'est du Sud que peuvent venir nos forces militaires?

La D'Orléans se leva pour faire face à son frère. Ses questions n'avaient pas besoin de réponse, elle savait où elle voulait en venir avec tout ça. Comme immergeant de ses pensées, elle en suivit le cours pour pouvoir y retrouver une logique.

- Je crois pas au hasard Léo. On a envoyé des dizaines de lettres dans le Sud et aucune n'a jamais eu d'effet. Pourquoi est-ce que ces troupes sont arrivées maintenant? Je pars de loin, mais je ne crois pas être assez idiote pour ne pas voir qu'il y a plus ici que quelques lopins de terre. À qui l'expédition était le plus profitable? Et surtout qu'est-ce qui a changé depuis que nous sommes ici?

Quand on a ouvert le sentier, on a fait des erreurs, de grosses erreurs, qui ont tous profité à une seule divinité. Si vraiment Harmok voulait nous donner courage et force, il aurait pu le faire au coeur de la tempête et non une fois la lumière revenue. Maintenant que quelques uns d'entre nous on plonger la tête première dans l'hérésie, pourquoi l'interdire ainsi quand on sait qu'elle existe. Nous sommes toujours plus proche de pouvoir réparer nos erreurs passées. À qui cela profite le plus de mettre au silence les gens qui ont touché à cela? Nos guildes? Ce serait cracher sur des pouvoirs encore plus grands? Quelle guilde ferait ça? Pourquoi tuer sans merci tous ceux pouvant même être simplement coupable d'ignorance. Pourquoi créer une peur incontrôlable de tous nos voisins ici, comme si chacun avait pu devenir un hérétique et que tout le monde pourrait valoir la mort.

Encore la même question: à qui cela profite le plus? Si on arrête les recherches sur l'hérésie et qu'on tuent tous ceux qui les ont menées, on empêche peut-être la seule chose qui pourrait tuer le dieu fou de ressortir enfin. Et si Peragus avait raison? Ils ont réussi dans le passé, pourquoi on ne réussirait pas dans le présent. Ignorant, on va peut-être se précipité dans un piège plus grand qu'imaginable. Et nous sommes maintenant marqués, marqué comme nous ne l'avons jamais vu sur personne avant, ni ici, ni ailleurs. Normal? Je ne crois pas.

Alors je te le demande sérieusement, est-ce que tu es certain sans l'ombre d'un doute que c'était Harmok? Que ce ne pouvait pas être personne d'autre? Pas même un autre divinité?

L'esprit chauffé à blanc, elle avait un de ses maux de tête qui allait lui durée un certains temps. Malgré cela, Frédérique gardait un regard intense sur son frère. L'une des pierres fondatrices de cette réflexion était justement la présence d'Harmok dans l'esprit des gens ou plutôt de son frère. La suite se tenait encore même sans cela, mais pourquoi demander à des priants de faire exactement ce qu'ils sont sur le point de faire même sans message. Et si...

Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 10/09/2012

Léo ne regardait pas sa soeur, il se concentrait plutôt à regarder vers un coin de la pièce. Son regard aussi bleu que sa redingote devenait plus dur que le fer. Il n'aimait pas la façon que sa soeur le remettait en doute, et comme pour chaque chicane entre les deux, il se devait de répliquer.

- Je ne peux pas être certain Frédérique. Mais une chose est sûr : la foi représente prendre des risques parfois, et c'est exactement ce à quoi je m'emploi présentement. Je ne peux pas croire qu'Harmok laisserait les faux dieux ou le dieu fou se prendre pour lui dans ma tête. Et s'ils y arriveraient, ils ne prendraient pas un d'Orléans, mais bien un croyant qui agirait les yeux fermés en obéissant, même face à des ordres hérétiques. Moi, j'ai reçu une mission divine, afin qu'on se débarrasse de l'hérésie qui nous empoisonne ici.

Harmok ne m'a pas dit de rester ignare, la guilde la dit, elle. Beaucoup de personne découle des ordres du roi. Des crapules en font probablement une petite part, comme pour chaque guilde. Cela à qui ça profite le plus, c'est Harmok. Toi tu doutes de moi, mais j'ai toujours vu une destiné plus grande que celle de père. Une destiné qui serait mienne, et que j'aurai mérité de plein droit. Imposteur ou non, je me ferai élu par moi-même, si ce n'est pas par une voix dans ma tête, ce sera par des prouesses digne de la famille d'Orléans.

Léo observa à nouveau sa main orné d'une pyramide. Les paroles de l'évêque lui revenait en mémoire : "vous serez observé en tout temps par votre dieu". Un sourire d'idée téméraire traversa le visage sans bronzage de celui qui avait passé trop de temps en prison.

- Cette main manque de style. J'utiliserai bien mes quelques talents de forge pour l'agrémenter du symbole familial. Ça te dit? L'évêque en sera rouge de colère, mais une croix sur la pyramide marquera les esprits, et montrera notre force à cette guilde qui semble l'avoir oubliée.

Nombre de messages : 116 Date d'inscription : 05/09/2012

Frédérique se rapprocha rapidement de son frère pour capter son regard. Il ne semblait pas conscient, il ne semblait pas comprendre. Elle repris d'une voix forte, d'une expression téméraire. Elle jouait avec le feu.

- Qui nous empoisonne? En es-tu certain?

Je ne dirais pas que Cathan nous empoisonne la vie, même je crois que nous avons détruit la sienne. Et Cartage? Et Péragus? Ils sont tous sur ta liste si tu suis tes ordres divines dont nous ne savons absolument rien.

Et si on tue tout ce monde, sans regret, sans regard, comme tu l'as fait au nom de l'évêque avec les trois paysans qui nous ont fait du tord, tu crois vraiment faire le bien? Faire la justice? Agir avec force, civilisation et en l'honneur de nos lois?

La D'Orléans était maintenant très proche de Léo et elle ne semblait pas vouloir démordre de sa théorie du complot. Elle lui montrait son badage sur sa main gauche, symbole de soumission pour elle.

- Cette torture, je l'aurais refusé si je n'avais pas perdu tout courage au moment que tout ce faisait. J'ai été première et j'ai regretté jusqu'à la dernière personne de ne pas m'être levé pour dire que tout ceci n'avait aucun sens. Si je pouvais, je la retirerais à tous ceux qui ont passé sous le jugement de l'évêque. Même si c'était l'élu d'Harmok qui venait me faire quelque chose comme ça, je le refuserais et sans détour. En quoi est-ce civilisé de marquer à vie des gens qui se sont battu, de leur sang et leur sueur pour l'honneur de leur guilde!

Comprends-tu que ce n'est pas une blague? Et que de toute façon tu n'as probablement pas les connaissances pour frapper une main avec un marteau comme si de rien était.

Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 10/09/2012

- Ça va, ça va, trouves-toi quelqu'un d'autre à qui hurler dessus, je ne suis pas ici pour ça...

Léo se leva afin de s'éloigner de sa soeur. Il fit le tour de la table circulaire afin de se rendre à la fenêtre prêt de l'entrée.

- Je suis ici pour vivre quelque chose de différent. Pas hérétique, différent. Moi, j'aime bien discuté avec les gens des autres guildes. Certains sont des pleutres, d'autres des amis, mais ce sont surtout des gens avec une mentalité qui ne m'étouffe pas.

Non, l'évêque ne représente pas une blague, juste l'étau du sud qui nous rattrape.
Non, Cathan, Cartage et Péragus ne méritent pas la mort, mais qui sait ce qui va leur arriver. Je les aiderai, n'en doute pas.

Léo suivit la marche d'un villageois, probablement un priant de Néméliane, jusqu'à l'auberge. Il laissa s'échapper un soupire avant de poursuivre, moi assuré que jamais.

- Les trois ... félons, sont mort par mérite, ils se sont tués eux-même, par leurs actions. Mon erreur aura été de m'emporter en les tuant par ma main au lieu d'un procès. à ma défense, nos prisons du nord laissent à désirer. Je suis bien placé pour le savoir.

Et pour l'amour des dieux, arrêtes de me prendre pour un corrompu, un imbécile ou un froussard!

La dernière phrase était sec. Cette dernière avait été mâchouillée longtemps avant d'avoir été lancé, cela ne faisait aucun doute.

Nombre de messages : 116 Date d'inscription : 05/09/2012

En entendant les aveux de son frère, Frédérique se sentit un peu coupable de ce qu'elle faisait. Elle radoucit le ton pour rembarquer dans la conversation.

- Je ne veux pas non plus que tu sois l'un des trois, mais je dois avouer que j'entrevois toujours le pire. Tes gestes, ton attitude, même ton regard réclamaient vengeance sur ces trois paysans. Et ce n'était pas toi, ou en tout cas, pas le Léo que moi je connais.

En attaquant Clélia, je me suis demandée sérieusement quand t'arrêterais-tu. J'avais l'impression que l'hérésie ou peut-être la gérance ou la prison t'avait rendu amer de violence. Peut-être que les trois en même temps ont eu un effet sur toi...

L'aînée s'approcha délicatement de son frère. Elle était nettement moins agressive, bien que toujours un peu accusatrice. Pour se donner un peu de temps, elle lissa sa robe bleue qui lui serrait la taille. Elle ne pouvait voir dehors que le temps gris et les nuages.

- Avant, c'était toi qui me suppliait d'ouvrir les yeux à d'autres religions. Et maintenant? L'hérésie, ce n'est qu'une religion méconnue que nos guildes ne veulent pas en compétition. Clélia n'a jamais essayer de nous convertir, elle nous a même aidé dès qu'elle l'a pu. Et comment on l'a remercié? On lui a retiré son frère et tout ce qu'elle avait de plus précieux. C'est fou...

Elle se revoyait devant le corps inerte de l'hérétique. Impuissante de n'avoir rien fait. Et pourtant, après, elle ne lui en avait pas voulu. Pire en prison, parlant avec elle, lui avouant que la D'Orléans ne ferait rien de plus, elle ne lui en avait pas plus voulu. C'était ça un hérétique? Défendant ses frères et recherchant la liberté? Comme nous. Et Cathan, et Cartage, et Peragus?

Le d'Orléans vert arriva de son escapade

Fier de sa trouvaille