Correspondance familiale

Force est d'avouer que Thomas est un simple d'esprit. Un homme au sourire facile pour qui la vie de recrue au sein des Forces Armées d'Harmok semble un défi de taille, mais aussi une part importante qu'on ne pourrait lui arracher. Des hommes simples, il s'en fait beaucoup, mais Thomas semblait avoir la chance d'être un homme simple lettré. Il était ainsi possible de le voir, de temps à autres, attablé à l'écart des siens avec pour seuls outils: Une plume, un encrier et quelques feuilles. Une correspondance avec sa famille qui, avouait-il sans ambages, lui tenait grandement à coeur. Les lettres étaient par la suite confiées à un homme de la poste s'il en passait toujours, et le paiement n'y manquait pas.

Et quand bien même les réponses ne venaient pas, Thomas persistait à écrire, le coeur à l'espoir.

Citation :

À mes très chères sœurs.

Rosianne, Jasmine, Violette, Marguerite, Camélias, Angélique, Cerise et Lys, et ma très chère mère.


Tout va bien!

Enfin, ici, on ne mange pas tout ce qu'on voudrait manger, mais au moins on mange. Monseigneur Nevos a tenu un banquet dernièrement pour célébrer une fête de sa famille et nous y avons eu beaucoup de plaisir. J'y ai aidé à la cuisine comme je le pouvais et j'ai eu une pensée pour la fameuse tarte aux citrouilles de maman. C'est la deuxième chose qu'il me faudra retrouver dès que je reviendrai, tout juste après vous avoir toutes serrées dans mes bras!

J'ai pensé à toi, Camélias, et je regrette d'être si loin que je ne peux pas te faire envoyer des fruits et légumes à l'occasion de ta fête. C'est aussi qu'ici on en manque beaucoup, alors on essaie de garder tout ce qu'on peut!

Je n'arrive pas à croire que j'aie pu remporter le tournoi de touche qui s'est tenu lors de la fête de Monseigneur Nevos. Je vous l'écris avec cette même stupéfaction... Et joie! Monsieur Péragus, l'un de mes supérieurs, se charge personnellement de mon entrainement et je peux dire qu'on y voit tous, moi compris, beaucoup de progrès! Je me suis acheté ma propre épée et ma propre armure, vous devriez me voir. J'ai fière allure!

Ah, ne vous inquiétez pas. Je demeure médecin avant tout et l'on ne m'enverra pas en première ligne, mais c'est important que j'apprenne à me défendre et défendre les miens. Je me fais beaucoup d'amis ici, vous auriez dû les entendre lorsque j'ai gagné le tournoi de touche. Tout le monde était content et hurlait de joie alors que je tremblais comme une feuille. Je n'arrivais pas à croire ce qui était arrivé!

Du côté des dames (Oui oui, je sais que c'est ce qui vous intéresse le plus!), je n'ai malheureusement pas encore de flamme. Il y a ici beaucoup de belles dames. J'ai même eu l'occasion d'être le cavalier de danse d'une dame de haute naissance! Les hommes d'ici craignent plus les dames qu'ils ne craignent les lames. Ça me fait rire! Bienheureux d'avoir été élevé avec vous toutes!

Je pense à vous toutes très fort et tout le temps. Je vous écrirai bientôt et j'espère que tout se passe bien à Brignan. Vous me manquez toutes énormément!


- Thomas

Peu après le banquet de Trystan Nevos, Peragus décida d'écrire à ses parents. Il avait eu un certain pincement au coeur en voyant les d'Orléans recevoir du courrier de leur père. Il n'était pas le genre d'homme à s'attacher à qui que ce soit, mais il avait besoin de support de temps à autres et il tenait à confirmer à ses parents qu'il avait toujours bel et bien les deux pieds sur terre et qu'il n'était pas aux côtés du Grand Dieu.

Citation :

Père, mère,

C'est Valkyrion. Tout va bien ici, pas lieu de s'inquiéter. La situation avec les natifs est tendue, l'hiver n'est pas des plus faciles, mais les pertes sont minimales. J'aimerais vous en dire plus, mais je crois qu'il est préférable que mes rapports soient les seuls témoins des choses que nous avons vécues. Peut-être pourrais-je vous en dire plus à mon retour, si retour il y a (je l'espère).

Mais assez de ces jérémiades et de ce mélodrame. J'ai été promu au rang de sous-officier pour mes loyaux services. Je remercie chaque jour Harmok pour ces grâces et sa protection. Dans un autre ordre d'idées, j'aurais besoin de toutes les informations disponibles sur le caporal Charles Cartage. Je doute que vous ayez libre accès aux archives militaires, mais toute information, la plus infime soit-elle, serait la bienvenue. N'ayez doute que j'ai besoin de ces informations à titre purement professionnel et que je n'oserais les demander si elles dépassaient le cadre de ma mission.

J'ai des raisons de supposer que notre courrier est filtré, peut-être par l'OMÉGA elle-même. S'il-vous-plaît, répondez-moi. Si je ne reçois pas de réponse, je serai en mesure d'affirmer que mon hypothèse est exacte.

Qu'Harmok vous garde,


Soldat Valkyrion Peragus
Guilde du Légionnaire

Malgré leur mésaventure, Frédérique prit le temps d'écrire une réponse (qu'elle espérait vivement qui se rendrait jusqu'à son père). Elle ne vint malheureusement pas la porter en main propre, mais elle s'arrangea pour ne pas manquer le départ du messager en envoyant le soldat Hector D'Orléans qui donna une pièce ou deux au porteur pour son effort.

Citation :

En date du 23e jour du mois de décembre de l'an 152,
Patriarche D'Orléans,

Les quelques mots que vous avez envoyé ont été un vrai phare pour la fratrie. Nous tâchons de faire en sorte de vous rendre fier, mais les choses ne se déroulement pas aussi bien que nous l'aurions souhaité. Un mal s'en est pris à notre plus jeune et il semble être au plus mal, peu après avoir reçu de vos nouvelles au solstice. Je le veille comme je peux, mais je manque terriblement de ressources. Par cette lettre, je ne veux pas quémander, mais si vous auriez la possibilité de m'envoyer de quoi tenir jusqu'au saison chaude, cela nous aiderait grandement. Je vous promets sans retenu que j'en ferais un usage restreint et que je prendrais soin de ne faire aucun gaspillage de ce que vous voudrez bien nous offrir puisqu'il nous manque de tout.

D'un autre côté, Hector ne semble guère se porter mieux, malgré que ce ne soit pas de sa santé physique dont je m'inquiète tant. Il est tombé dans une dépression momentanée. Je mettrais la cause sur la distance et surtout sur le manque de soleil. Je souhaite vraiment que les journées arrêtes de raccourcir. Tout le monde fonctionne au ralenti et c'est à croire que toutes les carences de toutes les sortes nous empêchent de pouvoir profiter de ce que nous avons découvert jusqu'à maintenant. J'ai du mettre Léo en quarantaine et le veillant, je m'abstiens de sortir. Hector se retrouve donc isolé, lui qui n'a jamais eu l'âme très sociale sans nous.

Les liens avec les soldats d'ici ont grandi beaucoup depuis le temps que nous sommes ensemble. De plus en plus, la complicité nous apporte des biens faits quotidiens et nous pousse à prendre soin les uns des autres. Sans cela, je crois que j'aurais tôt fait de tourner les talons et de devenir moi même messager pour rentrer. Nos supérieurs ne peuvent plus être aussi distant que dans leur début, étant donné que nous nous voyons en tout occasion. Il est incroyable de croire que je me suis rapproché tant des soldats et que je déteste tout autant la compagnie des priants d'Espio. Il faut dire que je n'ai jamais caché l'idée que j'avais d'eux. Un jour, la cohabitation comme nous la vivons en ce moment ne sera plus possible. Il faudra s'accepter pleinement ou se battre. Je ne sais pas quel dénouement cela donnera, mais espérons que cela ira bien.

J'aurais souhaité recevoir un peu plus d'information sur le conflit présentement entre Protecteur et Aristocrate. Ici, l'information est au compte goutte et même les représentants de ses religions ne savent pas vraiment pourquoi il devrait y avoir la guerre. Aussi, j'aurais aimé en savoir plus sur l'Oméga. Il y a de ses mystères qui ne se régleront pas si personne ne veut en parler. Et ici, les tensions ne sont pas chose facile, puisque nous avons besoin de tout le monde pour survivre.

J'espère que vos affaires vont bien. Malgré qu'à voir votre dernière lettre, vous semblez plus occuper que jamais.
Merci bien de votre attention.

Votre aînée des D'Orléans,
Soldat Frédérique D'Orléans

Et encore une, mais cette fois-ci la lettre devrait attendre celles de ses compagnons harmokéens pour faire le voyage en la capitale. Aussi bien en donner pour la peine aux braves postiers de la Poste Nova!

Citation :

À mes très chères soeurs,

Rosianne, Jasmine, Violette, Marguerite, Camélias, Angélique, Cerise et Lys, et ma très chère maman.

Ouah! Que je suis heureux d'apprendre que Jasmine et Marguerite vont se marier! En voilà une bonne nouvelle! J'aimerais tellement être présent pour assister à ça et faire connaissance avec mes futurs frères. Notre famille qui s'agrandit, c'est joli!

La Poste Nova, c'est vraiment des gens biens. J'ai reçu la meilleure tarte aux pommes que j'aie jamais mangé et j'ai pu la partager avec les gens d'ici. Tout le monde l'a adoré et t'envoie leurs compliments maman! Ça a fait tellement de bien de manger quelque chose de par chez nous, ça me manquait, ce n'est pas toujours facile d'être rationné et manger de la nourriture de camp.

Et j'ai été promu! Je ne suis plus une recrue, je suis maintenant un vrai soldat! Ça me fait bizarre de devoir appeler les autres par leur prénom, mais j'aime bien ça. Ça me fait sentir encore plus dans l'équipe, et on se développe des liens comme si on était une famille ici. Il le faut bien pour tenir le coup, mais je n'oublie pas où se trouve ma vraie famille! Le Caporal dit même que ce n'est pas impossible qu'un jour je devienne moi aussi Caporal, et il dit que ce serait triste de devoir m'envoyer ailleurs. C'est un tendre malgré ses protocoles, moi je le vois bien, et c'est vrai que ce serait triste, mais je rencontrerais d'autres gens et je me rapprocherais surement de Brignan.

De mon côté avec les dames, ça se passe bien! J'ai un nouvel ami, Balthazar, qui fait des efforts pour que je rencontre la femme de ma vie. Vous savez que je n'ai pas besoin de ça, mais ça me fait quand même plaisir qu'il pense à mon bonheur comme ça. C'est vraiment un bon ami. J'ai rencontré plein de dames et ça se passe très bien, mais je sens que ce sera difficile de décider. C'est tout drôle comme situation, et j'espère bien que ça va se régler simplement. Il y en a même une qui s'appelle Marguerite... Ce que ce serait bizarre quand même! Mais le petit problème, c'est qu'elles sont toutes d'une guilde qui n'est pas celle du Légionnaire. Ça me fait un peu peur, mais je le sens bien. Il n'y a pas de lois contre ça après tout.

J'aimerais vraiment vous revoir toutes prochainement. Je vais demander si ce serait possible pour moi d'avoir une permission et être présent pour les noces ; C'est important ces choses-là!

Je pense très fort à vous toutes, et je vous sers toutes dans mes bras. Ça me fait tellement de bien de recevoir de vos nouvelles et de voir que tout se passe bien à la maison. Surtout faites très attention à vous!

Je vous aime et vous embrasse.


- Soldat Thomas

Citation :

À mes très chères soeurs,

Rosianne, Jasmine, Violette, Marguerite, Camélias, Angélique, Cerise et Lys, et ma très chère maman.

Tout se passe encore très bien ici! Être un vrai soldat, ça semble plus difficile que ça en a l'air...! Je m'habitue à mes nouvelles tâches et tout va pour le mieux. Pour dire vrai, je me sens plus utile que jamais.

J'ai le mal du pays, surtout ces temps-ci. C'est à dire que vous me manquez toutes terriblement, puis la cuisine, et même le paysage me manque.

Si si, j'ai bien plusieurs amis ici et des gens qui comptent sur moi, mais j'ai bien hâte de pouvoir vous revoir. Ça m'a fait beaucoup de peine de manquer les mariages de Jasmine et de Marguerite, mais je n'ai pas réussi à avoir ma permission. C'est dur l'armée!

Je ne peux pas encore en dire plus au niveau des Dames - C'est qu'on me tient tellement occupé hein! Je vous le jure, les gens s'arrachent mes services!

Du coup, je n'ai pratiquement pas de temps pour moi tout seul...! Bon, il faut dire, je suis habitué de prendre des initiatives aussi hein...!

Alors cette lettre, je prends vraiment le temps de l'écrire et vous donner des nouvelles, bien qu'il n'y a pas grand chose à dire d'ici! Tout ce qu'il y a de plus normal, la belle routine. Je fais ce que j'ai à faire et puis ça me plaît.

Au fait maman, j'ai pris des précautions: Tu sais comme je vous aime toutes et que je veux être prévoyant. Ça me fait bizarre de te demander ça, mais il me faudrait ton nom.

Ici je fais de grandes économies, alors à mon retour à Brignan, je vais avoir de quoi m'acheter un petit lopin de terre et y faire vivre ma future...!

Je parle trop vite, ce n'est pas encore fait.

Mais ça vient...!

Vous devez être curieuse, alors écrivez-moi un peu pour me donner de vos nouvelles. Ça me fait un bien fou!

Je vous aime toutes gros comme le ciel et je vous embrasse. Vous êtes ma plus belle famille et vous me manquez.


-Thomas